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Critique d'Ali hadj tahar


C’est la ville repliée dans ses souvenirs que Saci évoque dans sa peinture ; une ville où les motifs et les signes remplacent les murs et les ruelles. Car même les arcades et les portes, les dômes et les minarets que l’artiste nous montre sont des motifs parmi une foule d’autres signes.

Chez les Musulmans et les Arabes, la porte est le symbole de la maison par excellence, le symbole de son intimité et de sa chaleur, de la protection qu’elle prodigue à ceux qui y vivent et à ceux qu’elle accueille avec bonté et hospitalité en son sein. Ouverte, elle invite à entrer. Fermée, elle protège. La porte n’est pas un simple morceau de bois ou de métal qui délimite un territoire.

Une porte chez nous n’est pas fermée sur elle-même. Même fermée, elle est ouverte sur le monde extérieur. Une porte a une âme. Et c’est par les couleurs que l’Oriental traduit celle-ci. Les couleurs et les signes qui figurent sur les portes reflètent le caractère accueillant de nos maisons, qui invitent à la fois au partage et au respect. La porte révèle l’âme de la demeure et des gens qu’elle protège. C’est pourquoi chacun la décore d’une manière originale, avec  les yeux du cœur et le cœur des yeux.

La main de Fatma, le fer à cheval et l’œil sont des symboles récurrents qui marquent l’entrée d’une habitation. Des signes divers, carrés, cercles, losanges, triangles et autres y figurent aussi. Ces motifs, Saci nous en fait un inventaire, certes pas exhaustif car il aurait été laborieux, mais plaisant à l’œil puisqu’il s’agit ici de peinture, pas d’anthropologie. Voilà aussi pourquoi il prend la liberté de réinventer ces signes, puisqu’il est artiste, pas artisan.

L’arcade, quant à elle, est l’élément architectonique le plus apparenté à la maison orientale. Ghardaïa, dans le Sahara algérien, est une ville d’arcades. Ce sont elles qui donnent le rythme et l’harmonie aux maisons et aux murs d’une cité perchée sur un rocher qu’elle recouvre jusqu’au sommet. Tout comme les dômes et les portes, les arcades sont prises ici à la fois comme des motifs graphiques et comme des symboles d’un Orient heureux dont la culture bigarrée renvoie à la lumière et au soleil qui y règnent.

Dans cette variété kaléidoscopique qu’est la peinture de Saci, les motifs s’entrelacent sans fin. Là est la magie resplendissante d’un imaginaire dont les orientalistes comme Dinet ou Girardet, Chassériau, Fromentin ou Lazerges ont capté l’apparence et dont Paul Klee a capté l’essence. En revenant aux sources de leur culture et de leur histoire, quelques peintres arabes dont Saci tentent eux aussi d’en capter l’essence à travers la magie des signes. En rendant l’essentiel, l’artiste n’échappe pas au plaisir de la couleur, prise comme une source d’émerveillement et un jeu, car il est indéniable qu’il y a un aspect ludique chez ce peintre pour qui l’art est avant tout une délectation.

Elis Rimel

 




Artworks Styles : Figurative - Knife - Symbolism
Artworks Media : Acrylic - Oil - Painting - Painting On Canvas